Forts de leur expérience commune au sein du groupe de travail piloté par France Universités et dédié au label DD & RS, les deux enseignants ont choisi de déposer l’an passé un dossier de candidature commun au dispositif de congé pour projet pédagogique (CPP). L’objectif ? Proposer un accompagnement aux équipes pédagogiques qui souhaitent mettre en œuvre les transitions dans leurs formations.
Le CPP permet d'être temporairement dispensé de ses obligations de service pour se consacrer au développement et à l’amélioration des pratiques pédagogiques. Pour vous, quels sont les avantages de ce dispositif ?
Avec le rythme effréné qu’exige une carrière d’enseignant ou d’enseignant-chercheur, pouvoir se libérer de ses enseignements pendant un semestre est une incroyable et rare opportunité de prendre du temps pour se recentrer, réfléchir et mener un projet de fond.
Le CPP est aussi une forme de reconnaissance pour nos activités pédagogiques et même de recherche. Les collègues n’ont pas toujours conscience que nos expérimentations pédagogiques peuvent être valorisées et que passer du temps à questionner nos enseignements peut aussi nourrir notre recherche.
Ce dispositif prouve que nos réflexions et nos projets peuvent avoir de la valeur. C’est un véritable « pas de côté » dans nos activités quotidiennes, un « souffle » parfois nécessaire dans une carrière.
Enfin, ce que nous retenons, c’est que ce congé pour projet pédagogique nous a donné l’impression d’être utile, il nous a reconnecté à notre mission d’intérêt général. Nous avons permis à notre université d’avancer sur des thématiques qui nous tiennent à cœur et, dans un monde parfois trop individualisé, c’est une fierté d’avoir pu œuvrer pour le collectif.
Quels conseils pourriez-vous donner à un collègue qui hésiterait à se lancer dans l’aventure ?
Ne jamais douter de la qualité de ses idées, de sa capacité à les formaliser et à les réaliser.
En tant qu’enseignants, nous avons collectivement un rôle à jouer dans l’évolution du système éducatif. Le congé pour projet pédagogique est une opportunité de faire émerger un projet individuel au profit de la communauté. Le collectif est une valeur cardinale pour l’université et le CPP peut être un bon moyen de s’en rappeler.
Comment avez-vous mis à profit ce temps disponible ?
Notre projet s’inscrit dans le cadre de la feuille de route pour les transitions environnementales et sociétales et vise à accompagner, préparer et accélérer la mise en œuvre de cette feuille de route en particulier sur son volet « enseignement et formation ».
Après avoir échangé avec la direction de l’établissement, nous avons choisi de rédiger un rapport construit comme un outil de facilitation de prise de décision.
Plus concrètement, nous avons identifié les leviers sur lesquels l’université de Bordeaux peut agir, nos points forts, nos faiblesses, les principaux freins à l’intégration de ces enjeux dans notre offre de formation… En parallèle, nous avons fait un état des lieux de l’existant à l’échelle nationale et internationale.
Cette expérience nous a permis de mieux mesurer ce qui se passait au sein de l’établissement et d’appréhender la transformation du monde universitaire sur ces thématiques. Nous avons eu la confirmation qu’il existait de nombreuses initiatives en recherche, en formation comme en vie de campus.
Le rapport, que nous avons rendu en juillet 2022, met en lumière différents scénarios et choix possibles en matière de positionnement des thématiques environnementales et sociétales dans notre offre de formation.