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Le congé pour projet pédagogique : une parenthèse pour transformer et redynamiser son enseignement

Créé en 2019, le congé pour projet pédagogique (CPP) s’adresse aux enseignants-chercheurs et enseignants. Il a pour objectif de permettre l‘approfondissement des compétences nécessaires à l’évolution de leur métier d’enseignant en proposant une décharge d’enseignement de 6 ou 12 mois. Elle leur permet de disposer du temps nécessaire pour transformer et améliorer les contenus des enseignements et/ou les modalités pédagogiques.

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À l’université de Bordeaux, les premiers congés pour projet pédagogique ont été accordés en septembre 2020. Ils étaient moins d’une dizaine pour l’attribution par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche d’un quota de 25 semestres de CPP potentiels. Débuts timides, donc, pour ce dispositif qui, en 2024, est toujours relativement méconnu et peu sollicité par les enseignants.

La MAPI accompagne les collègues intéressés par le dispositif dans la constitution du dossier de candidature et tout au long du congé, afin qu’il soit le plus fructueux possible. Estelle Boucher-Detrez, chargée de projet à la MAPI est en charge de l’accompagnement. Elle est aux premières loges pour identifier leurs questionnements.

Le dossier de candidature peut rebuter au premier abord, c’est pourquoi la MAPI propose un accompagnement personnalisé dans son montage. Par ailleurs, les enseignants ont des scrupules à reporter leur charge d’enseignement sur leurs collègues, ou à délaisser provisoirement leurs responsabilités au sein de leur composante de formation. Certains enseignants-chercheurs sont soucieux de l’impact de cette parenthèse sur l’évolution de leur carrière, avec la peur que le projet déployé dans le cadre du CPP n’empiète notamment sur leur temps de recherche. Rappelons que si le congé de recherche est davantage valorisé, le CPP peut également être un levier pour l'avancement de carrière.

Estelle Boucher-Detrez
chargée de projet à la MAPI

Congé individuel, retombées collectives

Ce congé permet pourtant de disposer du temps souhaité, qui manque si cruellement, pour faire évoluer ses pratiques pédagogiques, les transformer, les redynamiser… Le travail développé dans le cadre d’un CPP peut, en outre, bénéficier après coup à toute une équipe pédagogique qui s’appropriera le fruit de ce travail et l’intègrera à ses différents enseignements. C’est l’ambition par exemple du projet porté par Christine Larrazet, enseignante dans le département Langues et cultures du collège Sciences de l’homme et chercheuse au Centre Émile Durkheim. Son projet est voué à essaimer dans de nombreux parcours pédagogiques.

Mon CPP s’inscrit dans la continuité du programme européen RESET, dirigé ces quatre dernières années par Marion Paoletti et qui traite de l’égalité des genres et de la diversité dans le monde universitaire. Dans ce cadre, nous avons créé en équipe des modules-tests sur les questions du racisme et de la discrimination, des inégalités de genre dans le monde de la recherche et du genre comme sujet de recherche. Mon congé pour projet pédagogique va permettre, dans le prolongement de ce projet collectif, de créer de nouvelles formations et d’en stabiliser d’autres : création d’une UE d’ouverture en licence sur les inégalités (racisme, sexisme, discriminations) qui sera lancée dès septembre 2025, et diffusion en master d’un module de sensibilisation à la « culture de l’égalité au travail », pour que les étudiantes et étudiants soient mieux préparés au monde professionnel et sachent ce que sont les violences sexistes et sexuelles, les discriminations, les micro-agressions - qu’ils sachent les repérer et réagir.

Christine Larrazet
enseignante dans le département Langues et cultures du collège Sciences de l’homme et chercheuse au Centre Émile Durkheim

Autre projet, cité en exemple par Estelle Boucher-Detrez, celui d’Edoardo Provenzi, professeur de mathématiques au collège Sciences et techniques.

Il a d’abord discuté de son idée de CPP avec ses collègues qui ont donné leur accord et ont anticipé les modalités de reprise de ses enseignements, toutes et tous convaincus que son expérimentation leur permettrait par la suite d’améliorer leurs pratiques pédagogiques. Son projet porte sur l’enseignement à distance - Comment favoriser la réussite des étudiants salariés, malades ou en situation de handicap en dé-contraignant les emplois du temps grâce au développement d’une nouvelle méthodologie pédagogique et de supports numériques.

Estelle Boucher-Detrez
chargée de projet à la MAPI

Des thématiques et des situations prioritaires

L'enseignant constitue son dossier de candidature après avoir pris connaissance des critères d'attribution du CPP à l'université de Bordeaux. Les projets doivent répondre à l’un des axes stratégiques suivants :

  • conception d’une formation à caractère transformant,
  • coordination d’un projet pédagogique national ou international,
  • mise en œuvre d’un dispositif de soutien pédagogique à la réussite,
  • diffusion et transfert de connaissances pédagogiques en lien avec des projets réalisés au sein de l’établissement,
  • reprise d’enseignement après des fonctions de président, vice-président ou directeur d’un établissement d’enseignement supérieur.

À l’université de Bordeaux, les CPP constituent un levier important à mobiliser pour accompagner les axes de transformation inscrits dans le cadre de l’amélioration continue de l’offre de formation adopté par la CFVU en décembre 2021.

Depuis leur lancement en 2019, un quart des CPP sont fléchés pour des candidates et candidats revenant d’un congé lié à la parentalité (congé maternité, parental ou adoption). Depuis l'an dernier, un autre quart est quant à lui fléché par l’établissement pour des projets en lien avec les transitions environnementales et/ou sociétales.

Christine Larrazet estime avoir été « extrêmement bien accompagnée par la MAPI » dans le montage de son dossier et depuis septembre, dans son avancée. Estelle Boucher-Detrez détaille cet accompagnement qu’elle et ses collègues assurent auprès des enseignantes et enseignants en CPP.

La création du dossier permet de mettre de nombreuses questions sur la table et d’établir un planning opérationnel très précis qui va aider l’enseignant ou l’enseignante à garder le cap pour atteindre les résultats espérés. Ensuite, tout au long du congé, nous suivons l’avancée du travail, nous mettons les enseignants en contact avec des services ou des personnes qui peuvent leur être utiles au sein de l’université de Bordeaux ou dans d’autres universités.

Estelle Boucher-Detrez
chargée de projet à la MAPI

Christine Larrazet a ainsi rencontré diverses personnes concernées d’une façon ou d’une autre par le sujet de la culture de l’égalité au sein de la Direction de l'action sociale et de l'innovation sociétale (DASIS) ou de l’Institut des transitions et la chargée de mission parité, égalité, diversité de l’université. Elle salue le « soutien formidable » dont elle a bénéficié et se félicite de cet « espace de travail privilégié » que constitue pour elle le congé pour projet pédagogique « un travail en profondeur, qui permet de se documenter, d’échanger, de construire un enseignement dans les meilleures conditions. »

Les dates à retenir

La nouvelle campagne de candidature a ouvert le 21 novembre dernier sur la plateforme Galaxie du ministère et se clôturera le 21 février « à 16h précises ! », prévient Estelle Boucher-Detrez. Pour informer la communauté enseignante sur ce dispositif, un premier webinaire a eu lieu le 12 décembre. Un autre est programmé le 23 janvier à 12h30. Les dossiers de candidatures seront transmis aux directions des composantes concernées pour avis consultatif, puis au conseil académique pour validation (voir détails de la procédure, ici). Les résultats seront communiqués aux candidats début juillet.