Le processus de transformation de l’offre de formation engagé à l’université de Bordeaux est ambitieux. Les initiatives et nombreux projets poursuivis traduisent un fort dynamisme de la communauté. Mais sur ce temps long, l’investissement des équipes pédagogiques et des étudiants n’est pas forcément constant. S’il reste du chemin à parcourir, certaines expériences mises en place sont particulièrement encourageantes, à l’instar du projet de refonte de la licence de sociologie et celui du rôle des étudiants au sein du CPES (cycle pluridisciplinaire d'études supérieures « science et société »).
Un projet de transformation commun et collectif
Intitulé DEMAIn (pour « décloisonner, expérimenter, motiver, accompagner et innover ») et financé par le programme NewDEAL, le projet de refonte de la licence de sociologie a pour objectif de repenser les rythmes de formation et les enseignements, de rendre les étudiants autonomes et acteurs de leurs cursus et enfin d’améliorer la qualité de vie au travail et aux études.
Portée par Joëlle Perroton maîtresse de conférences en sociologie, directrice de la faculté de sociologie, cette expérimentation rentre dans sa troisième année. « L’esprit qui anime le projet est partagé par l’ensemble enseignants concernés. Nous avons pensé collectivement une autre manière d’enseigner la sociologie. Nous sommes partis de ce que nous souhaitions faire dans l’idéal. Que voulons-nous que nos étudiants sachent ? Apprennent ? Retiennent ? Nous avons collectivement défini les principes que nous voulions appliquer, c’est la clé de la réussite » explique l’enseignante enthousiaste.
Rythme différents, parcours personnalisés, pédagogies innovantes, thématisation par discipline et non plus par niveau… sont autant de pratiques mises en place depuis 3 ans avec succès. « Nous avons de très bons retours des étudiants. Les enseignants quant à eux sont plus en maitrise, ils redeviennent les maitres d’œuvre de leurs enseignements. Ils gagnent en plaisir d’exercer leur métier, en qualité de vie au travail. Cette formule est également bien plus favorable à un rapport riche et dynamique avec les étudiants. » constate Joëlle Perroton avec satisfaction.
Si elle confesse que cette transformation de l’offre de formation a demandé un investissement conséquent en temps et un engagement personnel et professionnel très important, elle affirme haut et fort que le jeu en vaut largement la chandelle. « Nous sommes en réflexion permanente. Nous voulons encore progresser. Nous avons la chance d’avoir une petite équipe mobilisée depuis des années, d’être bien accompagnés par la MAPI et l’établissement en général. Bien que nous ayons des contraintes liées à la note de cadrage, nous nous en accommodons et trouvons des ajustements pour vraiment mettre en place ce qui nous semble être satisfaisant à la fois pour les étudiants et les enseignants. » Un objectif gagnant-gagnant.
Impliquer les étudiants dans leur formation favorise leur réussite
L'implication des étudiants dans leur parcours de formation est essentielle pour assurer une véritable appropriation des connaissances et des compétences qu'ils acquièrent. Selon Antoine de Daruvar, responsable académique du programme NewDEAL et coordinateur pédagogique du CPES, pour mobiliser les étudiants il est tout d’abord crucial que les enseignants expliquent de manière claire et régulière les objectifs et les compétences visées par chaque enseignement, afin de donner du sens à l'apprentissage. « Un étudiant qui comprend les objectifs d’un enseignement réussit mieux », souligne-t-il, en insistant sur l'importance de développer la motivation de chaque étudiant.
Pour favoriser cette démarche, le CPES a instauré des moments d'échanges privilégiés permettant aux étudiants de développer leur esprit critique et de devenir acteurs de leur propre parcours. « Dans certaines unités d’enseignement nouvelles nous faisons remplir par les étudiants un questionnaire à la fin de chaque intervention : cet enseignement vous a-t-il convenu sur le fond, sur la forme et quelles sont vos propositions pour l’améliorer si besoin ? » ajoute Antoine de Daruvar.
Cette approche active permet de prendre en compte rapidement les propositions des étudiants et de leur montrer leur capacité à agir sur leurs formations. Une autre forme de cette implication étudiante est la co-construction. Ainsi, une nouvelle UE intitulée "Agir pour les transitions" qui aura lieu au semestre prochain a été co-construite par des étudiants et des enseignants. Une initiative comme celle-ci permet aux étudiants d’orienter la forme et les contenus pédagogiques pour qu’ils soient le mieux alignés possible à leurs projets. Un tel dispositif, qui ne concerne que quelques étudiants, a un impact sur l’ensemble des promotions. Une réflexion est actuellement menée avec Pascal Lecroart sur la façon d’apporter un soutien à ces « projets partenaires » autour des enjeux de formation dans le cadre du programme NewDEAL.
Toujours pour aller dans le sens de l’engagement des étudiants dans leur formation, l’équipe pédagogique du CPES a choisi de faire appel à des étudiants volontaires, actuellement en deuxième année, pour se former et enseigner à la rentrée de septembre la nouvelle UE socle sur les transitions à leurs camarades de première année. Cette expérimentation, unique à l’échelle de l’université, doit permettre d’analyser l'impact de cette formation par les pairs à la fois pour les apprenants et pour les enseignants.
« Nous devons multiplier les expériences positives à tous les niveaux afin d’engager le maximum d’acteurs, tant les équipes pédagogiques que les étudiants, à s’investir collectivement dans l’amélioration continue de l’offre de formation. » conclut Antoine de Daruvar.