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Le projet a pris forme il y a trois ans, destiné à combler un vide dans le paysage éditorial des revues universitaires françaises dédiées à la pédagogie. L’idée : une revue interface – à vocation à la fois scientifique et professionnelle -, entièrement dédiée à la pédagogie de l’enseignement supérieur, et respectant les principes de la science ouverte, c’est-à-dire en ligne, gratuite, accessible à toute personne intéressée. Études & Pédagogies a ainsi vu le jour en 2023 sous l’impulsion de l’Open Lab In’Pact de l’université de Bordeaux, dans le cadre du programme NewDEAL. Ses rédacteurs en chef, Anna Barry et Christophe Roiné, défendent avec conviction ce format original qui accueille aussi bien des articles scientifiques « classiques » que des récits de professionnels ou d’étudiants, des articles requérant une bonne acculturation au sujet et d’autres témoignant d’une réelle volonté de vulgarisation.

La revue propose quatre types de rubriques – notes et rapports, retours d’expérience, regards croisés, enquêtes et recherches –, susceptibles d’être alimentées et lues par un large public d’enseignants-chercheurs, ingénieurs pédagogiques, ingénieurs de formation, personnels administratifs, étudiants… Rana Challah, ingénieure de recherche au sein de l’Observatoire des Pratiques Pédagogiques du CIPEN (Centre d’Innovation Pédagogique et Numérique) à l’université Gustave Eiffel, chercheure associée au CREAD (Centre de Recherches sur l'Éducation, les Apprentissages et la Didactique) et chargée de cours à l’Université Rennes 2, a récemment intégré avec enthousiasme le comité de lecture d’une revue dont elle admire « l’ouverture vers toutes les disciplines et vers tous les acteurs de la pédagogie, même ceux qui prennent des initiatives de façon spontanée, sans forcément s’en rendre compte. » Elle l’a constaté lors de nombreux ateliers d’écriture scientifique qu’elle a animés, « beaucoup éprouvent une appréhension, doutent de leur légitimité à témoigner d’une initiative pédagogique qui, pourtant, s’avère extrêmement intéressante et pourrait être transférable dans un autre contexte, une autre université… »

Lever les réticences des auteurs potentiels

Rana Challah cite une multitude d’exemples qu’elle a découverts de façon informelle en discutant avec celles et ceux qui se considèrent modestement comme « les petites mains » de la pédagogie mais font considérablement évoluer les pratiques : telle ingénieure d’études qui a influencé la façon dont des enseignants animent leur cours, tel ingénieur d’un service numérique qui a contribué à accroître l’accessibilité d’un enseignement en ligne… Toutes et tous sont chaleureusement invités à contribuer à la revue Études & Pédagogies, sans douter de l’intérêt de leur apport. « La revue existe notamment pour mettre en valeur leur travail extrêmement précieux », insiste Rana Challah, qui précise qu’un accompagnement leur est proposé, « un véritable compagnonnage réflexif » propre à lever toutes les réticences de ces auteurs potentiels.

Les retours des relecteurs sont toujours constructifs, les auteurs ne sont soumis à aucune pression, les échéances sont très souples. Ils sont même invités à relater leurs échecs : leur retour d’expérience sur un obstacle rencontré, un dysfonctionnement qui les a entravés peut se révéler très utile à leurs pairs. 

Stéphanie Roussel, professeure en études germaniques et directrice du département des langues du collège Droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) de l’université de Bordeaux trouve le concept de la revue Études & Pédagogies « excellent et pertinent ». Pour elle, dont « le cœur de métier est de faire de la didactique », la naissance de cette revue a créé un « formidable espace de partage d’idées pour toutes les personnes passionnées par la pédagogie de l’enseignement supérieur. » Comme Rana Challah, Stéphanie Roussel est membre du comité de lecture de la revue où elle a elle-même publié un premier article, pour lequel elle a choisi la levée de l’anonymat, une démarche très rare dans les revues scientifiques s’appuyant sur une évaluation en double aveugle : « j’ai apprécié cette levée de l’anonymat qui autorise un véritable partenariat avec le relecteur, une co-construction qui permet de bien comprendre d’où viennent les critiques et de faire bouger ses propres lignes. »

Si l’innovation pédagogique est mise en lumière dans la revue, ses rédacteurs en chef soulignent leur militance pour ne pas réduire les choses à des dispositifs génériques. « Aucun modèle prédéterminé ne fonctionne à coup sûr, explique Anna Barry, on invite les auteurs à constamment questionner les effets de ce qu’ils mettent en place, à l’aune des spécificités de la situation pédagogique qu’ils analysent. » Christophe Roiné complète : « La revue ne défend pas un courant pédagogique particulier, et reflète la volonté de promouvoir des pratiques pédagogiques diversifiées, de mettre en synergie des auteurs d’horizons variés et de favoriser un croisement de regards et de pratiques. »