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Se former en accompagnant : quand les étudiants deviennent tuteurs dans "Course en Cours"

Le 14 mai dernier, le département GMP (Génie mécanique et productique) de l’IUT de Bordeaux accueillait la finale régionale de Course en Cours, un projet national où collégiens et lycéens doivent concevoir et rendre compétitives des voitures à l'échelle 1:10 propulsées par un moteur électrique. Mais au-delà de la compétition, cette initiative pédagogique révèle un autre enjeu : le développement de compétences des étudiants tuteurs, véritables piliers du lien entre secondaire et supérieur.

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Onze équipes issues de collèges et lycées de l’académie de Bordeaux, sélectionnées parmi toutes les équipes de chaque établissement, ont présenté leurs prototypes de voitures miniatures, parfois capables d’atteindre plus de 50 km/h, au jury à l’IUT de Bordeaux dans l’espoir de décrocher leur ticket pour la finale nationale à Paris.

Mais derrière l’effervescence des stands et l’excitation des courses, un autre public s’active en coulisses : les étudiants du département GMP (Génie mécanique et productique), impliqués en tant que tuteurs dans l’accompagnement des équipes.

Apprendre à transmettre

Intégrée dans le cadre des Activités d’ouverture de professionnalisation (AOP), la mission de tutorat offre aux étudiants de BUT 2 volontaires une expérience riche et formatrice. Dès le début de l’année, ils se rendent dans les établissements pour rencontrer les équipes et amorcer une relation de confiance. Leur rôle : guider les collégiens et lycéens à travers les étapes techniques et organisationnelles du projet, tout en leur apportant des repères en matière d’orientation.

Les tuteurs présentent ainsi leur propre parcours, partagent leurs choix d’orientation et répondent aux nombreuses questions des élèves. Cette posture les amène à développer leur sens de la communication, leur capacité à vulgariser, mais aussi leur posture professionnelle.

Des compétences techniques mises à l’épreuve

Au fil des mois, les étudiants affinent également leurs savoir-faire techniques. Ils participent à des ateliers spécifiques de modélisation 3D, essentiels pour transformer les idées parfois fantaisistes des jeunes participants en prototypes fonctionnels et fabricables.

Comme l’explique Stéphanie Renaud, co- coordinatrice du projet avec Antoine Piétri, tous les deux enseignants au département GMP :
« Cet exercice constitue un vrai plus par rapport à leur formation : bien que la conception de pièces en fasse partie, il s’agit là d’un exercice hors programme, pour lequel ils doivent se casser un peu la tête pour que le design corresponde à ce que souhaitent les équipes. »
Un défi qui mobilise leur créativité, leur esprit d’analyse et leur capacité d’adaptation.

Une intervention des étudiants tuteurs en 3 temps

  1. Intervention auprès des élèves dans les établissements participants
    -Présentation du parcours individuel scolaire, présentation de leur projet professionnel, présentation générale de la formation en GMP
    -Aide des équipes au dessin et au suivi du cahier des charges de conception de la voiture
  2. Accompagnement lors d’une demi-journée technique au département GMP de l’IUT de Bordeaux
    -Animation d’une initiation à la CAO : le tuteur accompagne les élèves pour modéliser en 3D les roues avant de leur voiture sur un outil professionnel CATIA (Dassault Système)
    -Animation d’un atelier de montage d’ensemble technique sur la voiture
    -Visite du département GMP et démonstration de fabrication par usinage.
  3. Participation aux jurys
    -Evaluation des équipes
    -Accompagnement des équipes lors de l’événement régional
    -Accompagnement et participation aux jurys lors de la finale nationale à Paris​​​​​

Un projet-passerelle entre deux mondes

Soutenu par l'AMI Orientation et consolidation du projet d'études, Course en Cours joue également un rôle structurant dans la stratégie de lien entre enseignement secondaire et supérieur. Les interactions entre enseignants des deux niveaux permettent de mieux comprendre les réalités pédagogiques respectives, d’ajuster les discours d’orientation et de rendre plus concret l’après-bac pour les élèves.

Mais ce sont surtout les échanges entre élèves et étudiants qui rendent l’expérience précieuse.
« Notre discours d'enseignants, n’est pas toujours compréhensible pour les élèves. Tandis que lorsque ce sont les étudiants qui leur expliquent ce qu’ils font, ils comprennent tout de suite ! », témoigne Stéphanie Renaud.

Une dynamique à essaimer

Fort de ce succès, l’IUT de Bordeaux peut imaginer des collaborations avec d’autres départements : GEII (Génie électrique et informatique industrielle) et Informatique pourraient enrichir les projets sur la motorisation électrique, SGM (Science et génie des matériaux) apporterait son expertise sur une structure de voiture plus innovante ou un matériau constitutif plus durable… Et des spécialités tertiaires présentes sur les campus de Bastide (comme il y a 3 ans avec le département Management de la logistique et des transports), Périgueux et Agen pourraient même intervenir sur la communication, le marketing ou la gestion de projet.
Autant de perspectives qui élargiraient encore le champ d’apprentissage pour les étudiants tuteurs et amplifieraient l’intérêt en termes d’orientation de Course en Cours.

L’investissement des étudiants est remarquable vis-à-vis du temps alloué à cette AOP, car en termes d’organisation ils doivent gérer leur emploi du temps différent de celui des séances programmées des autres AOP.
Les tuteurs vivent une aventure humaine inédite, entre organisation personnelle, prise de parole devant un public, échange avec les enseignants participants et prise de responsabilité lors des jurys.
Nos étudiants développent de nombreux softskills. Utiles dans leur projet professionnel, ces savoir-être les rendent souvent plus à l’aise dans leurs relations professionnelles et augmentent considérablement leur confiance en eux.
Tous gardent un excellent souvenir de leur participation !

L’équipe coordinatrice de Course en cours : Stéphanie Renaud et Antoine Pietri