En octobre 2022, Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, est venue à Bordeaux annoncer des mesures pour la formation des étudiants et personnels à la transition écologique. L’une des annonces phares vise à « mettre en place, dans l’ensemble des formations de premier cycle et au plus tard en 2025, un socle de compétence global, transversal et pluridisciplinaire sur le sujet pour tous les étudiants ».
En réponse à cette annonce, et en cohérence avec la dynamique déjà engagée au sein de l’université de Bordeaux, deux chantiers sont d’ores et déjà lancés.
Créer et déployer une formation socle aux transitions pour l'ensemble des étudiants et étudiantes de premier cycle
Sylvie Ferrari, professeure en économie écologique, et Eric Villenave, professeur en chimie de l’atmosphère, cumulent 15 années d'expérience dans les questions environnementales. Leur collaboration étroite au sein du laboratoire d'excellence COTE et leur participation à des projets communs de recherche et de formation pluridisciplinaires (graduate school SENSE) placent ce duo en bonne position pour mener à bien cette mission.
Déjà impliqués dans la sensibilisation des étudiants à ces sujets, tous deux perçoivent quotidiennement l'intérêt et les attentes des étudiants. Pour eux, « En 2023, nul ne peut ignorer les enjeux liés à l’anthropocène. La démarche du ministère, appuyée par l’université de Bordeaux, est cruciale et pertinente. »
Pour construire une unité d’enseignement, toute la communauté sera mobilisée. Pour cela, tous deux mettent l'accent sur l'importance de collaborer avec des experts, des enseignants et des étudiants issus de divers horizons disciplinaires pour créer un programme inclusif qui mobilise tous les acteurs. Ils soulignent également l'importance de capitaliser sur les initiatives existantes et inspirantes et prévoient de mener dans les prochains jours une enquête pour les recenser dans les unités d’enseignement existantes et rencontrer les acteurs intéressés.
Pour Eric Villenave et Sylvie Ferrari, « il est essentiel d’impliquer et d’embarquer nos collègues dans ce projet. Cet enseignement, une fois développé, devra être enseigné aux étudiants de premier cycle. Chaque discipline devra alors participer à la formation des étudiants et contribuer, à son niveau, au contenu de cette unité d’enseignement (UE). »
D’un point de vue pédagogique, les deux enseignants proposent de construire une UE articulée possiblement autour de trois volets : une part « socle », une part « disciplinaire » et une part « locale ». Cette dernière permettra d’illustrer les propos théoriques par des exemples concrets liés au territoire et aux spécificités de l’université. Ainsi, cette formation deviendra une réponse authentique et pertinente aux enjeux environnementaux de notre temps. En matière de temporalité, ils envisagent de tester une première version de l’UE dès la rentrée 2024, pour un déploiement complet et opérationnel en 2025, en accord avec les directives ministérielles.
Accompagner et former la communauté enseignante aux enjeux des transitions et à leur enseignement
Marie Lamarche, professeure en droit privé et cofondatrice de la clinique du droit, et Aurélie Bugeau, professeure en informatique et spécialiste de l'impact environnemental du numérique, sont toutes deux chargées de concevoir et déployer un programme d'accompagnement et de formation destiné à l'ensemble du corps enseignant et plus largement aux personnels de l'université de Bordeaux pour aborder les problématiques liées aux transitions et à leur enseignement.
Dans un premier temps, il s’agira d’identifier les besoins en formation et en encadrement des équipes pédagogiques, en étroite collaboration avec les composantes de formation mais aussi avec les autres groupes de travail comme celui mené par Eric Villenave et Sylvie Ferrari.
D’un point de vue pédagogique, l’objectif final ne se limite pas à une simple formation, mais vise à développer des scénarios pédagogiques variés et stimulants à destination des enseignants et personnels de l'université. Pour Aurélie Bugeau et Marie Lamarche « Le défi sera de rendre cette démarche suffisamment attrayante pour que les collègues s'y investissent pleinement. Les formats envisagés incluent des pédagogies actives, des sessions en présentiel et à distance, offrant ainsi une palette de possibilités d'interaction. ». Enfin, le duo envisage de proposer des niveaux de formation graduels. La collaboration étroite avec les directions de composantes, les étudiants et les collègues est définie comme une pierre angulaire de la réussite de cette mission d'envergure.
Pour Aurélie Bugeau, qui s’est engagée par conviction dans cette mission « Etant donné l’urgence environnementale, la mobilisation des enseignants s'avère cruciale et il me semble essentiel de leur offrir la possibilité de se former afin qu’ils puissent former à leur tour. ». Quant à moi, évoque Marie Lamarche « si je suis néophyte en matière de transitions environnementales et sociétales, j’ai une certaine expérience en pédagogie et en transformation de l’offre de formation. Je crois beaucoup à notre tandem avec Aurélie ».
Pour mener à bien cette mission d’envergure, les quatre enseignants bénéficient du soutien de la MAPI et de l’institut des transitions, avec l'appui de Nadia Ramos et d’Anne Coubray.