Deux systèmes d’évaluation cohabitent aujourd’hui dans le monde universitaire : un modèle quantitatif de notation sur 20 utilisé dans quelques pays européens et du Maghreb et un modèle plus qualitatif qui prévaut partout ailleurs. Tandis que le premier comptabilise et tente de mesurer la valeur d’une réponse, le deuxième objective et critérise des niveaux et des compétences à atteindre.
Les objectifs et bénéfices
Les échanges entre les enseignants et enseignantes ayant participé au groupe de travail du projet EQAE (Évaluation Qualitative des Acquis des Étudiants) réuni depuis la rentrée 2021, ont confirmé l’intérêt d’expérimenter un modèle d’évaluation qui permette d’améliorer le retour fait aux étudiants sur la qualité de leurs apprentissages. Ce retour, objectivé, doit permettre à l’étudiant de mieux comprendre ce qui ne va pas dans le travail qu’il a remis, de savoir ce qui a manqué et de pouvoir construire son apprentissage de manière plus individualisée et pertinente.
Lorsqu’on note sur 20, on se demande essentiellement : combien vaut cette réponse ? Avec une approche qualitative, il ne s’agit plus de ‘’mesurer la valeur’’ de la réponse mais d’apprécier le niveau atteint à une activité d’apprentissage en s’appuyant sur des indicateurs partagés avec les étudiants. Cela peut sembler équivalent mais tous les enseignants qui ont essayé la seconde approche vous diront que la différence est énorme.
Il s’agit également de pouvoir valider la réussite à un programme d’études et d’améliorer la lisibilité du diplôme en termes de poursuite, notamment à l’international, ou d’employabilité.
Pour les étudiants comme pour les enseignants, la mise en place d’un système d’évaluation qualitative contribuerait à une amélioration des apprentissages, de la cohérence des notes produites, de la personnalisation de la progression des étudiants et à une meilleure maîtrise de l’approche par compétences.
L’alignement pédagogique au cœur de ce modèle
La mise en œuvre d’une évaluation qualitative est indissociable de celle du principe d’alignement pédagogique pour lequel les acquis d’apprentissage jouent un rôle central.
Il faut avoir en tête que l’évaluation qualitative nécessite une approche globale qui commence par la définition des acquis d’apprentissage visés et des critères qui seront utilisés pour les apprécier. Les activités d’évaluation doivent ensuite être définies de manière cohérente avec les objectifs fixés et les indicateurs qui seront utilisés pour apprécier les résultats. C’est sur cette base que l’on peut ensuite estimer le niveau atteint et transformer ces jugements en critères standards de notation.
La grille d’appréciation : un rôle essentiel
En se basant sur l’étude de la littérature et des principaux systèmes d’évaluation à l’international et sur les expériences déjà conduites par certains de ses membres, le groupe de travail EQAE préconise l’utilisation d’un modèle qui repose sur cinq niveaux et laisse possible une modération et des compensations : trois niveaux de réussite (A, B, C), un niveau insuffisant mais améliorable (D) et enfin l’échec (E).
Ces niveaux doivent avoir la même signification pour tout l’établissement et pouvoir être traduits de manière plus fine par les enseignants et équipes pédagogiques en déclinant des grilles en fonction des spécificités de chaque enseignement et activité d’évaluation.
De premières expérimentations
Afin de tester l’utilisation de ce système au sein de l’université, plusieurs expérimentations sont en cours ou prévues au sein des périmètres des participants au groupe de travail (chimie, sciences de la vie, gestion, sciences de l’éducation, etc.). A la rentrée, c’est une spécialité toute entière de BUT et l’équipe pédagogique associée qui seront concernées.
Essayer l’évaluation qualitative, c’est l’adopter ! C’est la première fois que je suis réellement satisfait de mes évaluations. Certes, il y a un coût d’entrée car il faut prendre le temps de définir les critères d’évaluation, de penser différemment ses activités d’évaluations et d’adapter ensuite les activités pédagogiques en cohérence. Mais, par la suite, l’appréciation des travaux des étudiants est plus facile et mieux maîtrisée.
En parallèle, des travaux sont menés pour permettre de faire coexister les deux systèmes au sein d’un même programme de formation. Pour produire une méthode de classement aussi précise qu’une moyenne sur 20, pour identifier les nouveaux outils nécessaires à une mise en œuvre efficiente de ce modèle, pour mesurer son impact sur la saisie des notes dans Apogée, et enfin, pour accompagner au mieux dans cette transition les enseignants ou équipes souhaitant expérimenter cette approche.