Mis en place en 2021, le Comité d’Orientation Stratégique (COS) du projet NewDEAL a vocation à apporter une réflexion prospective extérieure sur le pilotage du programme NewDEAL, à moyen et long terme et à des étapes charnières de son avancement. Composé de 4 personnalités extérieures, dont deux personnalités étrangères, le COS s’est réuni pour la deuxième fois en juin dernier et a récemment rendu son dernier relevé de séance. Parmi les axes stratégiques discutés, l'amélioration continue de l'offre de formation a été un point central et plus particulièrement son appropriation par la communauté universitaire.
Suite à cette deuxième séance du COS, quels ont été les constats mis en avant concernant l’appropriation et la pérennisation de l'amélioration continue de l'offre de formation ?
Cécile Picard-Limpens : Cette deuxième instance est arrivée à un moment charnière du projet, à savoir celui du déploiement du programme NewDEAL à l’échelle de l’établissement, avec l’enjeu fondamental d’embarquer toute la communauté. Il est en effet indispensable de savoir comment cette dernière s’est appropriée le projet. C’est pourquoi lors de la deuxième journée du COS, les membres sont allés à la rencontre de responsables de collèges, de responsables de mentions et d’étudiants. Ces échanges très riches ont permis de poser des constats.
Lucas Pasqualinotto : Le COS a mis en évidence une appropriation hétérogène du projet NewDEAL, en partie liée à la complexité et à l’ambition de la transformation. Par exemple, la notion de BCC (Blocs de Compétences et de Connaissances) est interprétée différemment selon les périmètres, et l’accumulation des demandes peut parfois créer de la confusion. Malgré ces défis, les responsables de mentions, de composantes et de structures montrent une forte implication et une compréhension claire du projet, constituant un solide point d’appui pour élargir l’adhésion à l’ensemble de la communauté.
Cécile Picard-Limpens : En effet, malgré l’énergie déployée et le travail de communication effectué, il semble que les concepts et les termes employés pour les désigner ne soient pas compris par tous ; comme les AA (acquis d’apprentissage) par exemple. Tout cela peut être encore flou, complexe et certains peinent à en saisir la portée, alors que ce sont fondamentalement des concepts importants pour tout enseignant. A l’instar de l’outil feuille de route de mention qui peut encore être perçu comme un formulaire administratif alors qu’il constitue un moyen utile à l’équipe pédagogique pour programmer les évolutions de sa formation.
Quelles réflexions ces observations font elles émerger à votre niveau ?
Lucas Pasqualinotto : Ces observations soulignent l’importance de réfléchir à la manière dont le projet peut être entendu et compris à une échelle plus large. Le rôle des responsables de mentions est ici crucial mais exigeant : ils doivent piloter les formations, animer les équipes pédagogiques et s’approprier les outils d’amélioration continue tout en aidant leurs collègues à en percevoir la valeur. Ce n’est pas une tâche simple, car elle mobilise des compétences variées et peut être perçue comme une contrainte supplémentaire. La MAPI, en accompagnant ces responsables dans l’écriture et l’actualisation de leurs feuilles de route, contribue à renforcer leur implication. La question reste de savoir comment les soutenir davantage pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle dans cette transformation globale. A ce titre un plan de formation a été créé dans le cadre du chantier de mise en œuvre des feuilles de route de mention. Une série de modules de formation sur l’ensemble des thématiques et outils clés de l’amélioration continue, proposé par différents services, est ouvert à l’ensemble des responsables de mention et de parcours. D’autre part, nous pensons qu’un effet d’entraînement par les pairs pourrait être bénéfique, en favorisant un engagement collectif et une motivation accrue grâce à un effet « boule de neige ».
Cécile Picard-Limpens : Pour les étudiants, ces transformations semblent encore peu lisibles, bien qu’elles concernent directement leur réussite. S’ils perçoivent parfois certains impacts, comme les effets sur la compensation, ils ne saisissent pas pleinement comment les BCC peuvent les aider à mieux comprendre ce qui est attendu d’eux dans leur formation, à identifier les compétences qu’ils vont développer et à renforcer leur capacité à devenir acteurs de leur parcours. Nous devons travailler davantage avec eux pour clarifier ces enjeux et leur donner les clés nécessaires à une appropriation effective.
Lucas Pasqualinotto : Nous menons beaucoup de chantiers à la fois, ce qui rend parfois notre mission confuse. Par conséquent, il arrive que les enseignants aient du mal à nous suivre et à s’approprier les projets. Bien qu’il faille une locomotive, et que l’effet de traction soit positif, vouloir tout transformer en même temps peut nuire à l’effet d’appropriation et de pérennisation.
Par conséquent, quelles sont vos préconisations ?
Cécile Picard-Limpens : Nous avons conscience qu’il nous faut construire plus avec les acteurs, enseignants et étudiants. Ce projet est pour eux. Nous mettrons l’accent sur un accompagnement renforcé et une meilleure communication auprès des différentes parties prenantes. Une implication plus importante des étudiants est également fondamentale. Il est nécessaire d’établir un partenariat avec eux afin qu’ils soient associés plus efficacement aux réflexions sur l’amélioration continue pour devenir véritablement acteurs de ces transformations.
Lucas Pasqualinotto : Sur le principe, la démarche de l’amélioration continue de l’offre de formation est acquise par tous et même si les outils ne sont pas toujours perçus comme une aide, nous avons déjà franchi un pas. Nous sommes dans la phase d’atterrissage du projet NewDEAL et les transformations se poursuivront au-delà de 2028 (date de fin du projet ndlr). Dès à présent, nous allons choisir sur quelles actions mettre l’accent pour rendre ces transformations effectives et concrètes pour le plus grand nombre, soutenables dans le temps.