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« Apprendre autrement »

Lorsque le cours magistral d’anthropologie biologique « Homo antecessor, heidelbergensis and co » devient « Cette photo de famille, quelle pagaille… », c’est qu’une volonté d’alignement pédagogique est passée par là. Chronique d’une (r)évolution avec Christine Couture-Veschambre, professeure d’anthropologie biologique à l’université de Bordeaux et Blandine Masselin, ingénieure pédagogique au sein de la MAPI.

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« J’enseigne depuis 30 ans à l’université de Bordeaux après y avoir fait toutes mes études.
Je suis un pur produit « université de Bordeaux »
plaisante Christine Couture-Veschambre. Professeure d’anthropologie biologique et chercheuse au sein du laboratoire PACEA (De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie) , elle a, pendant de nombreuses années, été responsable du parcours « Anthropologie biologique » du master bio-géosciences (devenu master Archéologie, sciences pour l’archéologie) et elle est directrice de l’école doctorale Sciences et environnements depuis juillet 2023.

Enseignante engagée et enthousiaste, elle remarque cependant que ses étudiants de master ne sont plus très captifs. « C’est un cours magistral de 3h que j’aime beaucoup et que j’améliore tous les ans. Malgré tout, je suis déçue de constater que mon public décroche, je n’arrive pas à maintenir le fil ; il fallait changer quelque chose » avoue-t-elle.

Elle décide de passer à l’action avec l’aide de la MAPI. « Je me suis toujours intéressée à l’innovation pédagogique, j’ai assisté à des journées d’informations organisées par la MAPI sans jamais avoir appliqué les techniques ou les outils. En septembre 2022, grâce à Blandine Masselin, ingénieure pédagogique, je décide de tout remettre à plat » raconte l’enseignante.

Parmi les méthodes de pédagogie active, Christine Couture-Veschambre choisit celle de l’apprentissage par problème. Elle participe à l’appel à candidatures sur le soutien au renforcement de l'alignement pédagogique afin de bénéficier d’un accompagnement en bonne et due forme.

Acquérir des connaissances via l’investigation

Le concept de d’apprentissage par problème engage les étudiants à découvrir et résoudre une problématique qui leur est exposée dans un scénario fictif mais réaliste et ouvert.

« Il s’agit de mobiliser des compétences transversales telles que le travail en équipe, la communication, l’écoute, l’organisation, la gestion du temps, l’autonomie, la capacité à apprendre par soi-même, tout en étant guidé, du moins au début par une démarche d’analyse rigoureuse des ressources. Charge à eux de trouver les solutions et les étapes pour y arriver » précise Blandine Masselin.

Christine Couture-Veschambre a donc entrepris de rédiger son cours « comme un scénario, en mode storytelling sous forme d’un livret de 15 pages. « Cet exercice inédit et pas facile m’a permis de débloquer mon cours et de formaliser les acquis d’apprentissage » affirme-t-elle.

J’ai appris à réfléchir autrement.

Christine Couture-Veschambre

Une démarche très fructueuse que Blandine Masselin a accompagnée au plus près. « Il a fallu un gros travail d’ingénierie pédagogique pour déterminer les acquis d’apprentissage et les critères d’évaluation. De nombreux facteurs rentrent en ligne de compte. Cela nous a pris environs 6 mois. » explique t-elle.

« Blandine a été une vraie ressource pour moi confie Christine Couture-Veschambre, elle traduisait mes idées et mes intuitions en concepts super concrets ». Et les étudiants dans tout ça ? « Nous avons organisé un vrai retour réflexif. Le résultat est très positif. Etre acteur de ses apprentissages est apparemment plutôt efficace ! » se félicitent-elles.  

La cerise sur le gâteau, car il y en a une, est ce voyage organisé par la promo en toute autonomie sur un site archéologique en Espagne. « Ce site faisait partie d’une des résolutions de leurs problèmes, aller le voir apportait une véritable plus-value. Ce résultat concret est très gratifiant pour nous tous » concluent Christine Couture-Veschambre et Blandine Masselin.

Lors d'un cours "classique", nous nous serions contentés d'emmagasiner l'information du cours, sans forcément chercher à réfléchir sur la question. La question de l'évolution humaine n'est en rien facile à appréhender: en nous donnant les outils nécessaires (documentation, bibliographie, aide sur place, etc), nous avons pu nous questionner sur la pertinence de certaines théories scientifiques et nous positionner vis-à-vis de celles-ci. C'est la démarche que doit adopter tout bon chercheur et c'est justement ce que nous nous destinons à devenir. 

Lara Pérez-Blanc
étudiante en deuxième année de master