Quelle est la génèse de ce projet ?
À travers la clinique du droit, nous proposons des enseignements en situation authentique à des étudiants de master depuis plusieurs années. Ce sont eux qui nous ont fait part d’une volonté d’expérimenter ce type de pédagogie dès la licence. Avec une équipe pluridisciplinaire (juriste, biologistes, économistes, sociologue, pharmaciens et infirmiers, notamment) nous nous sommes alors saisis du sujet pour proposer à une trentaine de nos étudiants de licence de tous les horizons de co-construire et d’expérimenter une UE d’ouverture.
Quels sont les objectifs poursuivis par le projet LIER ?
En déposant ce projet STEP, je souhaitais pouvoir proposer un enseignement qui initie à la recherche, permet de prendre conscience des problèmes sociétaux et suscite l’intérêt disciplinaire et pluridisciplinaires des étudiants de 1er cycle. L’objectif pédagogique réside dans le fait de proposer de véritables enseignements pluridisciplinaires basés sur une définition précise des acquis d’apprentissage et sur une grille d’évaluation des compétences. En parallèle, nous poursuivions un autre objectif, social cette fois-ci, celui de faire de la pluridisciplinarité à partir de la réalité sociale. L’idée de départ étant de faire du campus une micro société, un terrain de recherche pour les étudiants et leurs enquêtes.
Comment s’organisent les enseignements ?
Nos travaux se sont articulés autour de deux phases : une étape de conceptualisation et de co-construction de l’UE (de janvier à novembre 2022) et une étape d’expérimentation de l’UE (de janvier 2023 à décembre, actuellement en cours). La phase de conception de l’UE, au cours de laquelle nous avons notamment pu recueillir le regard d’étudiants sur le temps de travail ou encore les modalités d’enseignement, nous a permis de proposer 3 UE transverses correspondants à trois niveaux (débutant, intermédiaire, expert), indépendants des années de licence, et correspondant pour chacun à 3 ECTS.
- Le premier niveau, « j’explore » permet de former et de préparer les étudiants à aller enquêter sur le campus à partir d'une difficulté que les autres étudiants peuvent rencontrer (cette année, les difficultés financières). Pour permettre cela, ils sont formés aux techniques d’entretien, à l’écoute active, à la communication interpersonnelle, à produire des pitchs de présentation. La dernière séance de cette UE consiste à rassembler les résultats des entretiens et à en déterminer les échos disciplinaires.
- Le deuxième niveau « je cherche », forme les étudiants à la recherche bibliographique afin de pouvoir déterminer et travailler sur les causes et conséquences des difficultés observées sur le terrain. Un rapport de ces recherches est ensuite remis à l’équipe pédagogique.
- Le troisième et dernier niveau « j’informe », forme les étudiants à médiatiser leurs résultats pour leur permettre de les présenter à d’autres étudiants sur le campus. L’idée est aussi, en fonction de la problématique travaillée, de pouvoir orienter les étudiants demandeurs vers des services de l’université ou des associations susceptibles de les aider.
Désormais en cours d’expérimentation, quel avenir pour le projet LIER ?
Une fois que nos 30 étudiants auront pu expérimenter les 3 UE et que celles-ci seront finalisées, nous souhaitons pouvoir les proposer comme UE d'ouverture aux composantes de l’université.
Si nous estimons pouvoir gérer une centaine d’étudiants par niveau, nous allons avoir besoin de la participation d’enseignants issus de toutes les disciplines. L’une des questions qui est toujours en suspens, comme pour toute construction d’UE transverse, est de savoir comment cet objet pédagogique sera organisé à l’échelle de l’établissement.
Au-delà de ces problématiques pratiques, les perspectives d’avenir de ce projet sont vraiment enthousiasmantes. Nous avons d’ores et déjà des contacts avec d’autres universités françaises ou internationales qui nous laissent penser que cette UE pourrait être transférée. Du point de vue des partenaires socioéconomiques, certains aimeraient se saisir du projet pour embarquer les étudiants au-delà du campus. Enfin, en matière de recherche, les résultats des enquêtes pourraient tout à fait faire l’objet d’une démarche de recherche-action.
Une équipe pluridisciplinaire
De nombreux acteurs de l’université de Bordeaux sont impliqués dans la construction et l’expérimentation de cette UE d’ouverture :
- Une équipe enseignante constituée de sociologues, juristes, archéologues, pharmaciens, gestionnaires, économistes, biologistes et infirmiers ;
- Des étudiants issus de plusieurs composantes ;
- Des services supports tels que direction de la documentation, les bureaux de vie étudiante et la MAPI.