Choisie chaque année par environ 250 étudiants, l’unité d’enseignement (UE) « Biologie et société » créée en 2016 sous la direction de Marc Landry professeur de biologie cellulaire, puis coordonnée par Karine Massé enseignante chercheuse en biologie du développement, et Antoine de Daruvar professeur de bio-informatique, aborde des questions de société actuelles qui font appel à la recherche et aux connaissances scientifiques en biologie. Animée par une équipe d’enseignants-chercheurs de différentes sections disciplinaires de l’UF de biologie, cette formation a pour objectif de connecter les savoirs académiques à des enjeux concrets du monde contemporain.
Cependant, au fil des années, l’équipe a constaté un manque d’implication des étudiants (absences, faible participation en travaux dirigés, résultats décevants aux examens), un niveau de maîtrise jugé insatisfaisant ainsi qu’une satisfaction globale mitigée exprimée par les étudiants dans les enquêtes d’évaluation et ce, malgré différentes tentatives d’amélioration.
Face à ce constat, l’équipe a décidé de répondre en décembre 2023 à l’appel à projet « Soutien au renforcement de l’alignement pédagogique » proposé par la Mission d’Appui à la Pédagogie et à l’Innovation (MAPI). Le projet a été retenu et porté par Karine Massé, avec la participation de 6 enseignants-chercheurs sur les 8 qui constituaient l’équipe pédagogique.
Le travail a débuté en février 2024 par une journée de formation sur l’alignement pédagogique, organisée par la MAPI. L’accompagnement s’est poursuivi jusqu’en juin 2024 avec le soutien de Sandrine Merigeault, ingénieure pédagogique.
Une restructuration profonde
Dans un premier temps, cette démarche a permis de définir un syllabus clair, précisant les compétences et connaissances attendues, de concevoir un nouveau scénario pédagogique plus cohérent, et enfin d’établir un cahier des charges et des grilles d’évaluation détaillées.
De nouveaux cours magistraux ont été mis en place avec l’intervention d’enseignants extérieurs à l’UF de Biologie afin d’ aborder les notions d’éthique (Cédric Brun, Université Bordeaux Montaigne), de controverse sociétale (Charles Mercier, INSPE) et de la place du savoir scientifique dans la société (Sophie Novel, journaliste scientifique).
Les travaux dirigés ont également été re-organisés suivant une approche d’un aller-retour, entre un premier TD d’introduction de la question étudiée et un second de restitution du travail demandé aux étudiants.
Cette nouvelle version de l’UE a été mise en place à la rentrée de septembre 2024.
Au départ, certains d’entre nous étaient un peu sceptiques… et finalement, nous avons tous été convaincus par l’efficacité de la démarche ! Elle nous a permis de prendre du recul, de discuter ensemble de nos approches pédagogiques, de revisiter en profondeur notre enseignement et, surtout, de le repenser du point de vue des étudiants.
Le point de départ a été la formalisation des acquis d’apprentissage visés (AAV) que nous voulions que les étudiants développent. Cette étape a été la plus compliquée : nous avons réexaminé et redéfini les objectifs de l’UE et appris à les formuler, en mettant en avant l’importance du verbe d’action qui reflète le domaine et le niveau de performance souhaité, afin qu’ils soient compréhensibles, cohérents, atteignables par l’étudiant, évaluables, et tout ceci en un nombre limité de mots !
Par exemple, un des objectifs initiaux « d’adopter une attitude réflexive, critique et éclairée par rapport à la recherche en biologie/santé » a été reformulé en plusieurs AAV, tels que : « Qualifier le statut d’un savoir scientifique en distinguant les savoirs établis, faisant l’objet d’un consensus scientifique, les savoirs pour lesquels des débats persistent et ceux qui n’ont pas fait l’objet d’une validation par la communauté » ; « Développer une analyse critique autour d’une question sociétale en hiérarchisant les arguments ».
A partir de là, tout s’est enchaîné naturellement : nous avons réinterrogé nos contenus, reconstruit nos séquences pédagogiques, et fait évoluer nos modalités d’évaluation. C’était un vrai travail d’équipe, stimulant, exigeant, mais incroyablement riche !
Des résultats très encourageants dès le premier semestre
Cette transformation pédagogique a eu un impact immédiat et mesurable. En effet, les notes d’examen ont augmenté de 2 points sur 20 en moyenne, et celles du contrôle continu de 1 point. Le taux de réussite en première session est passé de 63 % à 90 %. Et la satisfaction globale des étudiants s’est nettement améliorée, selon les résultats de l’enquête d’évaluation (malgré quelques critiques sur la charge de travail perçue comme élevée).
« Notre première satisfaction a été de constater, dès les premières semaines, une nette hausse de l’assiduité et de l’implication des étudiants en travaux dirigés. Les résultats obtenus ont été une grande source de fierté pour toute l’équipe pédagogique : Antoine de Daruvar, Antoine Grémare, Sophie Javerzat, Marc Landry, Matthieu Raoux et moi-même.
Je pense que les étudiants ont aussi été satisfaits, même si certains ont trouvé le travail demandé un peu intense, ce dont nous tiendrons compte pour ajuster la suite.
De notre côté, l’investissement a été conséquent, mais ce type de projet redonne du sens à notre engagement pédagogique. C’est très motivant de se sentir à nouveau alignés avec notre mission : accompagner au mieux les étudiants dans leurs apprentissages », conclut Karine Massé avec satisfaction.