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Accompagner les apprentissages en biologie avec la bande dessinée

Comment proposer un support court, complet, pérenne, à la fois ludique et instructif ? Telle une fiche récapitulative colorée, la bande dessinée mixe l'écriture, les images et un storytelling ad hoc pour offrir aux apprenants une véritable plus-value dans leur apprentissage. Un tel projet nécessite du temps de recherche, de conception et de développement… Et une dose de talent ! Zoom sur l’utilisation de la BD dans les études de biologie au Collège sciences et technologies.

Publiée le

Lorsqu’au printemps 2020, une partie des étudiants de Licence 2 de Biologie n’ont pas pu réaliser les travaux pratiques de l’UE de méthodologie expérimentale en biologie à cause du premier confinement lié au Covid-19, l’équipe enseignante a cherché une solution plus pertinente que l’envoi d’un polycopié. Corinne Faucheux, maîtresse de conférence en biologie cellulaire à l’UF Biologie et chercheuse au Bordeaux Institute of Oncology (BRIC) pense alors au format de la bande dessinée.

« La première version ressemblait davantage à un roman photo » explique-t-elle en souriant. « Nous cherchions un format instructif et ludique : des diapos au format paysage, des personnages, des dialogues, avec bien sûr une touche d’humour. Les étudiants ont bien accroché. »

En septembre 2020, l’université ne pouvant toujours pas ouvrir totalement les salles de TP, les séances se déroulaient en demi-groupes. « Nous avons alors étendu le procédé au Master 1 BCPP Biologie santé dès la rentrée, et à la Licence 3 dans le cadre de l’UE « Régulation des processus cellulaires » en janvier 2021. Nous leur donnions la BD avant le TP pour une préparation en amont. L’objectif était de faire en sorte qu’ils préparent leurs travaux pratiques en consolidant la théorie afin qu’ils puissent se consacrer à 100% à la pratique durant la séance. »

L’objectif était de lever les appréhensions des étudiants et de leur permettre de se concentrer pleinement sur la pratique en TP.

Corinne Faucheux

C’est un succès. Le côté ludique des bandes dessinées est plébiscité, et l’on constate d’emblée de meilleurs résultats de TP, moins d’erreurs de manips et donc moins de cas d’échecs. Les étudiantes et étudiants gagnent en confiance et en compétences.

« L’utilisation de cette technique hybride a permis de les rendre plus confiants et plus autonomes. Cela leur permet de revenir sur la théorie, en reprenant des éléments du cours, cela les incite à poser des questions et cela leur sert même de support de révision », commente Corinne Faucheux.
 

Les BD sont plus explicites que les textes pour moi. J'ai suivi les TP en présentiel mais j'ai pu mieux comprendre avec les BD car je suis à mon rythme et je fais plus attention.

Réponse spécifique d’un étudiant en période de confinement

Transformer l’essai

Forte de ces résultats, Corinne Faucheux décide en 2022 de porter le projet plus loin en créant 12 bandes dessinées plus généralistes pour illustrer les techniques de biologie*. Pour cela, elle fait une demande pour obtenir une dispense d’enseignement via le programme STEP (Idex) afin de se dégager du temps pour le projet et obtenir une formation courte.

« J’ai utilisé le terme de roman photo, car je faisais du copié collé d’éléments trouvés sur Internet, mais les bédéistes avec lesquelles j’ai eu l’occasion d’échanger par la suite m’ont fait remarquer qu’il s’agissait de story boards ! Une base sur laquelle m’appuyer pour concevoir une vraie BD, toujours un peu artisanale… mais originale. »

L’enseignante-chercheuse se tourne alors vers la Direction de la communication. Jacques Machemy, graphiste familier de l’univers BD, conçoit des personnages pour des bandes dessinées désormais imaginées dans leur format de prédilection : en planche.

Mais le travail est colossal. « J’ai également fait une demande de financement auprès du projet SUNSET (Sciences avec et pour une société en transitions) et du Collège sciences et technologies pour proposer des stages aux étudiantes et étudiants en arts graphiques, et arriver à quelque chose de plus abouti, plus détaillé, plus en mouvement. » C’est ainsi que Jules, en DN MADE mention numérique à Bègles, a redessiné complètement la BD sur l’épifluorescence, et que Marine, en Master de design graphique à Toulouse, a considérablement amélioré la BD sur la culture cellulaire. D’autres étudiants sont en cours de recrutement dont Sara, en DN MADE option graphisme à Colombes, qui va travailler d’ici peu sur la BD PCR.

Ces 12 bandes dessinées généralistes sur les techniques de biologie ont pour vocation à être diffusées largement, vers les étudiants bien sûr, mais aussi vers les personnels de recherche dans les labos, les médecins ou les doctorants… 

Corinne Faucheux

L’enseignante-chercheuse est accompagnée par la MAPI pour la création d’un espace de formation dédié sur Moodle dès ce printemps, qui sera abondé au fur et à mesure avec l’ensemble des BD, au plus tard fin 2026.

Les techniques de biologie en 12 BD

  • Culture cellulaire (accessible dès la Licence 1)
  • PCR (accessible dès la Licence 1)
  • Epifluorescence (niveau Licence 2)
  • Western blot (niveau Licence 2)
  • Immunomarquage (niveau Licence 2)
  • Comment préparer une coupe de tissus ? Du prélèvement à l’observation en microscopie (niveau Licence 1)
  • Clonage et amplification de plasmides dans des bactéries (niveau Licence 2)
  • PCR quantitative (Q-PCR) (niveau Licence 3)
  • Transfection (niveau Licence 3)
  • Transduction (Niveau Master, toutes mentions confondues)
  • Edition du génome par CRISPR-Cas9 (niveau Master, toutes mentions confondues)
  • Transgenèse (niveau Master, toutes mentions confondues)