A l’occasion d’un premier entretien en février dernier, vous évoquiez la mise en place d’un plan d’action à la rentrée 2024. Pouvez-vous nous en dire plus ?
« Le chantier sur lequel nous travaillons s’appuie sur trois principaux axes de travail.
En tout premier lieu, il s’agira de proposer un contenu transversal et pluridisciplinaire pour tous les étudiants de premier cycle. L’objectif est d’apporter à nos étudiants les compétences et connaissances fondamentales dès leurs premières années d’études. Cet axe s’inscrit parfaitement dans la demande récente du ministère formulée à Bordeaux à l’automne 2022 et dans le récent plan climat-biodiversité et transition écologique du ministère.
Ensuite, nous sommes particulièrement vigilants à ce que la formation aux enjeux des transitions s’inscrive au cœur même des disciplines. C’est dans ce sens que nous souhaitons mobiliser la communauté enseignante pour faire évoluer les contenus de formation disciplinaires. Aujourd’hui, ces enjeux sont au cœur de notre société et dans toutes ses dimensions.
Résolument pluridisciplinaire, notre université en représente toutes les facettes : de la mécanique à la chimie verte en passant par la santé publique, le droit de l’environnement, l’éco-anxiété ou encore les impacts anthropologiques et sociologiques. En tant qu’experts de leurs disciplines, les enseignants sont les mieux placés pour identifier et transmettre ces savoirs capables de répondre aux bouleversements de notre époque.
Enfin, l’évolution de notre société fait survenir de nouvelles compétences et de nouveaux métiers. En tant qu’établissement d’enseignement supérieur et de recherche, nous devons nous adapter en créant de nouveaux parcours et en se positionnant sur certaines disciplines de sorte à combler le déficit de compétences sur certains secteurs clés. Pour répondre aux besoins du monde socioéconomique, il est ainsi nécessaire de mettre en place un plan de formation initiale et continue capable de répondre à ce type de besoins nouveaux. »
Comment associer la communauté universitaire dans l’élaboration de ce plan d’action ?
« Nous savons pouvoir mobiliser certains collègues qui sont d’ores et déjà impliqués sur ces sujets. Tous n’ont pas attendu le cadrage de l’offre de formation et les annonces ministérielles pour intégrer les enjeux environnementaux et sociétaux dans leurs formations. C’est le cas, entre autres, des équipes pédagogiques du Cycle pluridisciplinaire d’enseignement supérieur (CPES), de l’UE Démocratie, du Graduate Program SENSE, des BUT, du master économie du développement ou encore de la formation « Prendre des décisions en contexte anthropocène » pour les doctorants et les stagiaires de la formation continue.
Du point de vue des étudiants, nous devons travailler sur la manière dont nous pouvons les mobiliser car ils ont un véritable rôle à jouer. Ils sont demandeurs, ont des idées très intéressantes et sont particulièrement concernés par le sujet. Nous allons solliciter les ambassadeurs des transitions et les vice-présidents étudiants. Des dispositifs existent déjà, c’est le cas de Disrupt Campus qui propose de faire travailler des étudiants en situation professionnalisante en réponse à des problématiques soulevées par des acteurs du monde socioéconomique et en lien avec les transitions environnementales, économiques ou sociétales. »
Quelles sont les conditions de mise en œuvre de ce chantier ?
« En matière d’ingénierie pédagogique, la MAPI apportera son expertise dans l’accompagnement à la mise en place de dispositifs agiles de formation basés sur une approche par compétences. Un ou une ingénieure pédagogique sera prochainement recruté et travaillera en étroite collaboration avec l’institut des transitions, chargé d’animer la mise en œuvre des nouveaux dispositifs transversaux.
Plusieurs leviers pourront être actionnés pour accompagner ce changement sur la durée : un financement complémentaire de notre tutelle, une incitation forte à identifier cette priorité comme une des priorités de l’établissement dans les futurs recrutements, une mobilisation de certains grands programmes de l’établissement comme NewDEAL ou ACT. Nous souhaitons aussi faire évoluer les éléments d’appréciation des dossiers d’évolution de carrière des enseignants et des personnels. L’idée est de mettre en cohérence la politique RH de notre établissement avec ces enjeux de transitions environnementales et sociétales. »
Formation des enseignants
Au-delà de l’intérêt personnel que la communauté enseignante pourrait porter aux enjeux des transitions sociétales et environnementales, leur formation est une des clés de la réussite de ce chantier. Le ministère a prévu de soutenir les établissements dans ce sens et c’est un dossier que France Université suit de près. Du côté de l’université de Bordeaux, l’ambition est d’identifier précisément les besoins en compétences transversales et disciplinaires des enseignants pour la rentrée 2024.
Si des enseignants souhaitent s’impliquer dans ces travaux, quelles possibilités s’offrent à eux ?
Les collègues enseignants-chercheurs ou enseignants peuvent prendre contact avec les référents de leur composante de formation ou de recherche pour accompagner les actions coordonnées par l’établissement.
Ils peuvent également rejoindre les groupes de travail qui se mettront en place dans chaque communauté pour faciliter l’intégration des enjeux de transitions dans l’offre de formation disciplinaire. Nous avons également besoin que les collègues puissent faire remonter leurs besoins de formation sur ces sujets qui parfois dépassent leur périmètre d’expertise.